Valenciennes a accueilli et monté Dogorians en mai dernier (voir : Dogorians se prépare à Valenciennes et Les Dogorians prennent vie).

S'il est trop tard à présent pour un billet "à chaud", il est toujours temps d'écouter l'écho...

Trois voix se sont exprimées, pour vous rapporter quelques impressions personnelles volées au temps qui s'envole...

Les voici... Bonne lecture :-)


Anne : "C’était un vendredi soir, c’était la dernière des 3 soirées Dogorians à Valenciennes, c’était en mai dernier...
Un vendredi soir particulier, car j’avais un rendez-vous fixé des mois auparavant, un rendez-vous à nul autre pareil, que je ne pouvais et voulais louper à aucun prix !
J'avais rendez-vous avec Dogorians, cette oeuvre qui m'avait enchantée un an auparavant lorsque je l'avais découverte.

Pourtant...

Cette fin d’année scolaire fut à ce point éprouvante que la veille du jour J, malgré une attente impatiente et active de cette soirée, l’idée d’éviter Dogorians, de lui faire faux-bond m’a hantée : corps vidé de son énergie et tête remplie de "à quoi bon" destructeurs... Plus d’envie, plus de flamme artistique. "Après tout, quelle importance", me disait une petite voix défaitiste à l'intérieur.

Mais la grisaille n’eut pas le dernier mot, et ce soir là, je pris finalement la route...

Pour être à l’heure au Phénix de Valenciennes, il fallut d’abord accélérer ma sortie du boulot, puis affronter les énormes bouchons lillois de fin de semaine sur les autoroutes.
Il fallut aussi passer à travers les trombes d’eau d’un orage aussi soudain que violent qui s’abattit sur ma tête pendant le trajet.
Il fallut enfin accepter d’y aller toute seule au final, mes accompagnateurs m’ayant tous fait faux bond les uns après les autres.

Tout cela fut vite oublié dès l’entrée dans la salle : je retrouvai l’atmosphère simple et sereine qui entourait déjà l’œuvre Dogorians à La Cartoucherie de Vincennes un an auparavant.
Arrivée en avance au final, j’entrai sur le balcon la première et j'eus le temps de souffler et de me détendre : le rendez-vous fixé serait réussi, j’en étais déjà certaine à présent !

Le moment vint pour la salle de répéter Donia, calmement, timidement au départ puis avec plus d’assurance. Les mêmes erreurs de mélodies qu’à Vincennes, attendues et vérifiées, sont commises par le public... On reprit tous de bonne grâce, échangeant des sourires amusés, sous le regard entendu des dogorians "chefs de chœur".
Après des applaudissements chaleureux, chacun fut prêt à respecter le beau silence qui s’installait naturellement dans la grande salle sombre, et à goûter avec délices le musical d’Etienne, façon valenciennoise.

Façon valenciennoise ? Qu’est-ce à dire ?

Ce projet Dogorians serait-il mineur parce que provincial ?
Serait-il de moyenne qualité parce que se produisant avec des enfants amateurs ?

Non, mille fois non !

Façon valenciennoise, ce fut pour la troupe des chanteurs adultes une harmonie douce, circulante, sans accroc, sans effort apparent, découlant sans doute de leur plaisir à se retrouver après des mois de séparation pour partager à nouveau sur scène un moment de grâce, et produisant une qualité d'harmonie rare.
Une sorte de joie sereine se dégageait des déplacements, des visages, des gestes, à l’image de cette belle chanteuse portant en son sein un petit être qui depuis a sans doute lancé son chant primal ! Tout "coulait", tout "allait de soi", rien ne "grinçait", tout était fluide... C'est comme si, pendant ces mois de silence dogorian, l'oeuvre avait mûri en eux, grandi, pris du corps et de l'épaisseur. Elle fut plus gouteuse et plus belle encore cette fois !
Une sérénité joyeuse circula depuis la scène jusqu’à la salle, et chacun reçut les harmonies dogorianes comme autant d’invitations à regarder de la vie son plus beau visage. Beau, même si parfois grave, douloureux, triste, mais beau parce que la solitude, ce mal qui ronge nos villes et nos campagnes, n’a pas droit de cité, pas même droit de présence dans le monde dogorian.

Façon valenciennoise, ce fut pour les enfants chanteurs un défi relevé avec classe et naturel. Les voix étaient enveloppantes, présentes aux mélodies dogorianes, les faisant vibrer et vivre : une petite troupe lancée avec sincérité et sans retenue dans le projet musical d’Etienne. La scène n’avait plus de secret pour eux, sans aucune prétention ni arrogance, mais avec justesse, tout simplement. Ils étaient devenus artistes chanteurs, heureux de proposer "leur" Dogorians, sans doute un tournant dans leur vie d’enfant, sous l’aile bienveillante des adultes, mais aussi de leur propre chef, présents, debout, solaires. Amateurs, oui, ils le furent : ils ont transcendé l'oeuvre d'Etienne parce qu'il l'ont aimée !!!

Assurément, Dogorians à Valenciennes fut à la hauteur de son ainée à Vincennes. Les émotions ont enveloppé le public avec autant d’efficacité et de grâce, parce que les mélodies sont belles et parce que les artistes étaient sincères, et que le travail était abouti et généreux. Merci à tous pour ce rendez-vous réussi !"


François et Chrystelle : "Pour notre part, nous sommes bien entendu venus deux fois dans la semaine, en profitant de l'offre généreuse faite aux "répétitants" de la première heure. A chaque fois avec un réel enchantement.
En effet rarement nous avons rencontré, dans un spectacle, cette joie de jouer et de transmettre quelque chose de beau, tout simplement.
Cette musique, cette chorégraphie, ces "paroles", font résonner quelque chose de notre profondeur humaine. C'est sans doute pour cela que nous y trouvons des intonations à la fois slaves, juives, grégoriennes, corses (polyphonies) et autres selon l'histoire et l'humeur de chacun.

Cette joie de jouer et de transmettre le beau est transcendée par les enfants qui la portent par leur fraîcheur et leur impossibilité de tricher.
Cette joie est aussi portée et transmise par Etienne Perruchon qui ne boude pas son plaisir en assistant en "simple" spectateur au fond de la salle et surtout en baignant dans les applaudissements de fin de spectacle.
Pour la première séance nous avions invité des amis plus proches géographiquement, sans trop leur dire de quoi il s'agissait. Pendant les premières minutes, ils nous ont avoué s'être demandés dans quelle galère nous les avions embarqués. A la sortie, ils chantaient tous en dansant comme des enfants.......(no comment).

Merci aussi à Etienne de venir auprès du public après la soirée, avec son visage rayonnant et son bonheur communicatif, s'inquiéter de savoir si le spectacle nous a plu. Même Mozart ne fait plus cela depuis longtemps....

Merci à tous pour ces soirées inoubliables."


Leurs amis qui découvraient... : "Nous avons passé un très bon moment, emportés par tant de douceur.
Douceur ici ne veut pas dire mollesse ni faiblesse, ni lenteur ou endormissement prématuré !
Quel tonus au contraire ! Quel élan de vie ! Quelle harmonie et à la fois quel travail pour arriver à cette apparence de facilité !

Je crois que c'est comme le bonheur : il se construit patiemment mais avec force et volonté, travail et persévérance, parfois sacrifice et souvent ténacité et foi en l'autre.

Merci de nous avoir restaurés, ce fut bon et doux."


Et pour en savoir plus sur l'oeuvre :
Dogorians à Vincennes
Dogorians sur France TV