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dimanche 6 décembre 2015

Virtuel et Eternel : une fausse rime.

Je viens de terminer il y a quelques minutes mon billet précédent.

Et puisque ce billet est le dernier...

Je prends le temps de remercier
les personnes qui ont permis
que je m'exprime ici durant de longs mois.

Ce fut un vrai plaisir,
sans prétention aucune mais en toute sincérité,
sans expertise aucune mais en tout amateurisme enthousiaste,
sans impartialité aucune mais en toute personnalisation assumée...

Merci aussi à ceux
qui ont lu mes mots foisonnants
à propos des oeuvres dogoriennes
et des nombreux projets qui leurs sont consacrés.

Merci enfin
à ceux qui y ont réagi,
entamant un dialogue
toujours enrichissant.


Une fin n'est pas toujours triste,
elle peut aussi aider à faire de la place
dans notre précieux temps
pour d'autres projets,
et d'autres enthousiasmes.

Bonne route musicale à vous tous !

Anne (Telly).

Tzùngati se révèle à petits pas.


(Photo empruntée au choeur Crick-Sicks)
Tzùngati a finalement dû attendre novembre pour dévoiler ses premières harmonies, le rendez-vous haut-savoyard initial ayant été ajourné.
Du coup, c'est ici, dans le Nord de la France, que le premier projet Tzùngati a pu résonner. Il a été monté avec plusieurs formations vocales d’enfants et d’adolescents, entre Nord et Pas-de-Calais, avec aussi un chœur d’adultes, et l’Orchestre La Folia de Lille (voir ici). Ce dernier est déjà familier de la musique dogorienne puisqu’il a eu l’occasion de monter Dogora avec son chef François Clercx quelques mois auparavant.

Il s’agissait du côté 59, de participer au concert de réouverture de l’église classée Saint Martin de Croix, totalement rénovée et magnifiquement parée de ses couleurs originelles chatoyantes, après cinq longues années de fermeture : un moment émouvant pour les enfants du pays !
(voir site de la ville de Croix)


Et du côté 62, la ville de Sallaumines célébrait en ce mois de novembre les 60 ans de la mort d’Arthur Honegger dans la salle de concert de la Maison de l’Art et de la Communication qui porte son nom.


(voir site La Folia)

Pour ces deux évènements, la musique inédite d’Etienne Perruchon avait été conviée, en point d’orgue de deux soirées conçues comme un voyage musical dans le temps contemporain, et où les voix d’enfants étaient mises à l’honneur, comme une évidence qui affirme que ces jeunes artistes sont le prolongement de tous ceux qui les ont précédés.

Mais tout va si vite en ce début d’année scolaire, trop vite même, et voilà que le projet manque de temps pour aller au bout de la pièce Tzùngati. Parmi les 7 parties de l’œuvre, seules 5 ont pu être suffisamment travaillées pour être présentées au public. Par ailleurs, il a manqué de forces vives du côté des chanteurs adultes, ce qui n’a pas permis une présence vocale suffisante pour que toutes les lignes musicales proposées aux voix sur la partition puissent être chantées. Les harmonies prévues par le compositeur ont donc parfois été appauvries car simplifiées, et l’œuvre n’a pas pu donner sa véritable intensité émotionnelle. Pourtant, malgré ces écueils, chacun est animé de l’envie de faire du beau avec les notes bondissantes et envoutantes qui courent sur les portées… Et nous en avons, fait, du beau, en mettant en son ces pages jusqu’alors demeurées muettes, hormis dans le cœur de son compositeur. A Croix comme à Sallaumines, rien n’a été parfait, mais la force des harmonies a touché son public, avec générosité et affirmation.

Alors, si en effet une partie de la beauté cachée derrière les intervalles et les tempos allants de Tzùngati nous a échappé, est resté enfouie, ne s’est pas révélée, si en effet, il n’a pas été possible de donner naissance à l’intégralité de l’œuvre, si donc un mystère demeure dans ces pages que l’on a sautées, et même dans celles que l’on a mises en voix et en sons…. Par manque de voix adultes, par manque de quelques heures de travail en particulier en commun avec l’orchestre. Si en effet la course du quotidien nous a tous frustrés, pourtant, Tzùngati, en bébé prématuré et un peu frippé, a déjà développé une belle présence et a su réchauffer les coeurs et les chœurs. En ont témoigné les nombreux petits mots et sourires de fin de concert...

Par ailleurs, le hasard d’un calendrier tragique marquera aussi le cri primal de Tzùngati d’une gravité abyssale, le 13 novembre au soir…

Cette petite œuvre, dans sa version allégée et encore mal affinée, a résonné par nos enthousiasmes pour la première fois, alors que dans le même temps, dans un autre lieu de concert, un drame à nul autre pareil se déroulait. Dans mon esprit, L’œuvre est à jamais associée à ce drame. Et je fais le vœu de pouvoir la chanter un jour, dans son intégralité et dans sa pleine expression, en réponse affirmée face à la barbarie, que la musique est pâte d’humanité, source de communion, vecteur de partage.

Quelques mots plus personnels pour terminer...

Je ne peux pas prétendre donner mon avis de passionnée de la musique dogorienne à propos de Tzùngati, car je ne l’ai pas entendue «vraiment». Le chœur adulte trop restreint et mon positionnement sur le plateau ne m’ont pas donné la possibilité de l’apprécier dans son mélange de sonorités (orchestre, voix diverses). Il me manquait trop d’éléments de l’harmonie globale pour pouvoir me permettre un avis. Mais déjà, j’ai été tellement touchée par la phrase Vônia shtôpinia soutarni... et par son arrivée soudaine et solennelle, comme une phrase de sagesse qui apaise les tourbillons fébriles qui la précèdent. C’était un moment de grâce. Par ailleurs, la place des timbaliers en final de l’œuvre devient un incontournable de ces œuvres, de même que l’effet d’accumulation et de complexification : tout cela apporte une tension émotionnelle efficace et jouissive pour tous, sur le plateau et dans la salle, et cela fait du bien !

«Incantations» écrit Etienne à propos de son travail... Oui assurément : la répétition obstinée de mêmes notes par certains pupitres sur de longues phrases musicales pose un décor quelque peu lancinant, comme s’il s’agissait de mener une danse mystique autour d’un grand feu….
Mais je n’en dirais pas plus cette fois : hâte de connaitre la suite : Tzùngati épanoui dans sa globalité et dans son entièreté.

Merci à tous pour cette belle première découverte, à deux pas de chez moi ! J'ai croisé dans ce projet de belles personnes...

Le rideau sur Tzùngati ne s’est pas levé dans sa totalité.
Ce n’est de la faute de personne, et l’œuvre reprendra son chemin par d’autre voix et d’autres instruments, pour prendre son envol de manière plus affirmée et assurée.
Bon vent à elle !