Il y a tout juste six mois, Dogora d'Etienne Perruchon était joué à l'auditorium Maurice Ravel de Lyon au profit de l'association caritative Action Mongolie.

C’était l’aboutissement dans une salle prestigieuse d’une aventure au long cours, initiée par des passionnés à la fois d’une œuvre et d’un homme hors du commun, heureux de faire partager au plus grand nombre l’émotion vibrante et intacte comme à la première écoute de cette œuvre unique, humaniste, poétique et universelle.



Car Dogora se confond avec son compositeur, le haut savoyard et haut en couleurs musicales Etienne Perruchon. Etienne est Dogora, Dogora est Etienne, il fusionne avec son œuvre vitale, il la porte comme un enfant, ces enfants si importants dans la pâte sonore des ses compositions. Il la fait naître et aujourd’hui la fait grandir avec Tchikidan et bientôt Skaanza. C’est sans doute l’œuvre d’une vie, de sa vie d’artiste musical touche à tout.

Parti de quelques numéros éparses en 2000 destinés à n’être joué qu’une seule fois, Dogora et ses enfants polyglottes parcourent aujourd’hui la France des chorales, les défroquant de leurs aubes rances et poussiéreuses, redonnant aux plus jeunes le premier rôle abandonné depuis Humperdinck ou Britten.



Dogora est une œuvre salvatrice, l’épopée de sa diffusion, cinématographique grâce à Patrice Leconte, musicale et caritative grâce à de nombreux concerts de soutien à des associations a permis de gravir bien des montagnes. C’est une œuvre témoin, que l’on se « passe » comme dans une course de relais, une œuvre boule de neige qui grossit en dévalant la piste noire de nos émotions.

Ce samedi 26 juin, l’auditorium de Lyon qui accueillait (en catimini) sans tambours ni trompettes promotionnelles ce spectacle monté par et avec uniquement des bénévoles fut submergé par une onde invisible bienfaisante, fédérant un public de 2000 auditeurs qui chanta à pleins poumons Donia ou La Vidjame, fait unique dans l’histoire de la salle selon les techniciens du lieu, sous la baguette magique d’un farfadet tout de blanc vêtu, la main sur le cœur.

Tous auraient pu s’écrier à l’issue de la représentation, « Ich bin ein Dogorien » !